Open Science et Citoyenneté: Retour sur le SenseCamp 2015

Le 7 et 8 février 2015 s’est déroulé le SenseCamp, deux jours de rencontres, d’ateliers, et de conférences sur l’entrepreneuriat social. Merci d’abord à l’équipe de MakeSense pour avoir organisé ce superbe évènement qui alliait bon esprit et bonne humeur. HackYourPhD était de la partie avec un atelier à la croisée entre Open Science et Open Citizenship. L’idée était de réfléchir sur les modèles économique de la science ouverte en prenant pour exemple un projet lié à la citoyenneté. Deux idées de projets avait notamment germées dans la communauté HackYourPhD: “gamifier” l’apprentissage à l’esprit critique, thème d’actualité, et, concevoir un système de sondage/referendum citoyen décentralisé.

Deux thématiques proposées au carrefour de la Science et de la Citoyenneté

Les organisateurs de MakeSense nous avait coaché pour préparer cet atelier à la sauce « hold’up ». Cela avait abouti sur un format entre brainstorming collectif et répartition en petits groupes de réflexion thématique : échelle individuelle (motivation des acteurs), collective (business model et insertion dans le tissu social), et technique (infrastructure et moyens). En pratique, l’atelier était à la fin de la journée et l’ambition s’est avérée un peu trop grande. Nous avons toutefois réussi à progresser sur certains points.

Tout d’abord, les participants ont choisi le sujet de la gamification de l’esprit critique car le système de sondage/referendum citoyen semblait déjà bien exploré par d’autres projets. On a notamment cité celui de l’Assemblée Virtuelle ou encore Voxe. La question—restée en suspens—fut aussi dans quelle mesure un tel système serait utile au regard des nombreux sites de pétitions qui malgré beaucoup de signatures ne parviennent pas nécessairement à changer les choses. On peut penser notamment à Avaaz ou Change.org. Pire qu’être inefficaces, ces site sont parfois accusés de vider la conscience morale des citoyens à travers le clicktivisme (voir aussi le slacktivisme) et les empêche de prendre réellement part à d’autres moyens d’actions. D’autres initiatives citoyenne comme NosDéputés.fr ou NosSénateur.fr invitent à prendre plus part aux débats parlementaires. Toutefois, le côté technique de ces plateformes n’attire pas forcément une large audience. Se pose donc aussi la question de la motivation.

Quoi qu’il en soit, l’atelier s’est finalement orienté sur l’apprentissage de l’esprit critique et sa gamification.

Esprit critique et gamification: Pour qui? Comment?

Nouvelle étape, nouveau questionnement: qu’est-ce que l’esprit critique? Qui est concerné? Comment rendre son apprentissage attrayant? Nous nous sommes accordés sur l’idée que l’esprit critique était plus que la simple faculté de discerner un message manipulatoire. Cela comprend en effet la capacité et la motivation d’évaluer une information dans l’idée de juger de sa véracité. Le problème est que cela concerne finalement à peu près tout le monde.

Un premier groupe s’est alors focaliser sur la description des différents profils de personnes, et dans quels contextes elles devraient faire preuve d’esprit critique. Rapidement, deux types de citoyens se détachent: les enfants et les adultes. Là où les enfants apparaissent plus fragiles, ils sont néanmoins encore malléables, et peuvent donc remettre en question plus facilement leur manière de voir le monde et de juger les discours auxquels ils sont soumis. Enfants et adultes sont également différents dans qui ou quoi les affectent, les influencent. De manière surprenante, les enfants influencent autant les adultes, que les adultes les influencent. Certains ont d’ailleurs évoqué en quoi la publicité tendait à s’adresser aux enfants pour toucher les adultes, indirectement mais plus efficacement.

Le deuxième groupe s’est concentré sur les moyens. Voici un aperçu des différentes idées qui en sont sorties:

Postits SenseCamp 2015

On peut y voir apparaître de grands thèmes: cultiver le doute, expliquer la falsifiabilité, provoquer des contradictions pour mieux cerner la diversité des points de vues face au même objet, etc. D’autres idées furent ajouter lors de la mise en commun : des jeux de logique et de stratégie (e.g. Diplomatie Online), des canulars, jeux de dérision ou de parodie (cf. Le Gorafi), ou encore, des cours sur l’Histoire des Sciences et de la Politique.

Deux formats sont toutefois apparus comme les plus adaptables aux enfants et aux adultes : le jeu de rôle et le débat. Le second avait d’ailleurs fait l’objet il y a deux semaines d’une réunion citoyenne, qui avait conclu que débattre et analyser des débats était un très bon moyen de comprendre les raisonnements fallacieux et d’en être ainsi moins victime. Vous pouvez d’ailleurs trouver un superbe poster sur les raisonnements fallacieux sur le site YourLogicalFallacyis.com (en anglais).

Et l’Open Science dans tout ça ?

L’heure tournant, nous sommes brièvement revenu à l’Open Science et notamment sur comment impliquer des chercheurs dans la gamification de l’esprit critique. Les premiers concernés sont les psychologues cognitifs et sociaux qui peuvent expliquer les différents biais cognitifs à l’origine des raisonnement fallacieux. D’autres chercheurs peuvent aider dans la mise à l’échelle de cette explication. Ainsi, sociologues et économistes peuvent commenter les dynamiques collectives dont nous ne sommes pas forcément conscient à l’échelle individuelle. Pour avoir de l’esprit critique face à un objet, il faut d’abord en être conscient. Enfin, les scientifiques spécialisés dans la fouille de données ont également la possibilité de dégager des indicateurs pertinents pour les citoyens, tant sur le plan collectif (e.g. quel sujet est le plus utilisés dans les discours politiques lors d’une élection) qu’individuel (e.g. combien de raisonnement fallacieux un utilisateur a réussi à détecter depuis son inscription sur une plateforme d’analyse et d’éducation au débat).

Un son de micro nous indiqua la fin de l’expérience. Juste le temps de partager les coordonnées entre participants et nous voici reparti pour de nouveaux horizons. Bilan, l’atelier nous a tous surpris mais de l’imprédictibilité est né des pistes de réponses et de nouvelles questions. Quoi de mieux pour initier le prochain !? En attendant, je vous invite à complêter la MetaMap ci-dessous et envoyer vos commentaires.

metamaps.cc:maps:1311